Les premiers SAS en Idochine

Publié le par lio21121

Les premiers SAS en Indochine

 

 (Brevet du commando Ponchardier)

 

2j2hp3a.jpg

 

Dans le bulletin N°1 de liaison du Commandant TRINQUIER, évoquant la mémoire du Commandant Dupuis, a dit un mot du C.L.I, le précurseur des parachutistes coloniaux.

Le corps léger d’Intervention avait été créé en fin43 et mis sur pied en 44 au Djidjelli, puis aux Indes. Ce corps était formé en vue d’opérations de guérilla en Indochine.

Le 1° mai 1945, le C.L.I, transformé et augmenté par renforts venus du Bataillon des Indes, d’AFN, de FFI et FFL devint le 5° RIC. En août, le Commando Parachutiste de l’Aéronavale, arrivant d’Angleterre, sous les ordres du Capitaine de Corvette Ponchardier, fut adjoint au régiment. Le QG de l’Amiral Mountbatten décida alors de scinder le 5° RIC en :

1 Bataillon commandos

4 Bataillons parachutiste type SAS

 

Embarqué sur le « Richelieu » à Tricomalé, le 5° RIC débarqua à Saïgon encerclé, la veille de l’arrivée du Général Leclerc, le 3 octobre. Le bataillon de Commandos se scinda en plusieurs éléments :

Commando Guennebaud eu Laos

Commando blindé au Cambodge

Commando Lacroix en Cochinchine, Hué, Laos après un passage au pays Moï marqué par la prise de Ban-Me-Thuot et l’ouverture de la route de Ban-Me-Thaot à Ninh-Hoa, au cours de laquelle la Commando, lancé à pied devant les éléments blindés arrêtés par des coupures,

franchit 50 Kms en 4 jours, tout en combattant, et ne fut rattrapé sur le « poteau » que d’extrême justesse par les véhicules de GM de la 2°DB (janvier 46)

 

Le bataillon SAS (2 commandos coloniaux, 1 commando marin) resta en Cochinchine. Il rentrera dans l’histoire de sa pacification. Sous les ordres de Ponchardier, y servaient plusieurs officiers que encadrèrent plus tard le 2° BCCP, ou d’autres unités: le Commandant DUPUIS, le Capitaine TRINQUIER, le Lieutenant BOBY, le Capitaine De PINS, le Sous-lieutenant LECAM etc…

Le 12 octobre, c’est le dégagement du Nord de Saïgon. Premier combat, premier succès. Le 23 c’est Mytho. Il faut citer intégralement le récit du Chef de Bataillon DUPUIS :

« il pleut… la visibilité est nulle. Péniblement, nous remontons le Rach. Seule, la lueur des éclairs permet au Lieutenant de Vaisseau Hautefeuille de situer l’entrée du canal de Nuoc-mâm.

A bord, le black-out est complet. Les hommes veillent, quand brusquement une sentinelle, entendant un bruit insolite de moteur, alerte, par des coups de sifflets stridents, les postes

avoisinants. Le bateau glisse toujours, et s’engage au milieu du canal.

Dans la pénombre, à proximité, nous distinguons vaguement un barrage de jonques. Une vedette rapide portant pavillon ennemi longe notre bateau à vive allure. Yvan le Terrible (Capitaine Roudenel) voulant tromper l’adversaire, s’adresse aux occupants en Japonais. Aucune réponse.

 

Des coups de feu éclatent. Nerfs tendus, oreilles au aguets, nous continuons notre route. A une cinquantaine de mètres environ, un second barrage de jonques amarrées deux à deux et des chaînes obstruent le passage. Davidson hurle le de mettre à toute vitesse. Les chaînes se brisent et les jonques sautent. Sous le feu terrifiant des canons de 20 toutes les embarcations s’enflamment. Vision dantesque. Nous passons, nous sommes passés.

Le LCI L 166 continue sa route, longe l’île du coté opposé à Mytho. La tranquillité la plus complète semble régner à l’intérieur de la ville.

Les rues sont mêmes éclairées. Sans bruit, nous accostons à 02h30. Etonnés de voir des uniformes anglais, les gardes placés sur l’appontement, ne réagissent pas. De notre coté le silence le plus complet est observé. Nous débarquons.Une première équipe se lance à la poursuite des rebelles qui, s’apercevant de leur méprise, tentent vainement de s’échapper. Un à un, les bâtiments publics, centrale électrique, casernement de gardes, tombent entre nos mains.

A quatre heures tout est terminé.

Le 29 octobre, c’est la prise de Vinh-Long. A Caï-Rang, le jour du marché, deux Viet-Minh déguisés en Chinois entrent dans le bureau du Capitaine ROHAN et le blessent au ventre. C’est le signal de la tuerie. Partout des combats isolés s’engagent. L’aspirant CERA, blessé de

cinq coups de feu, parvient à alerter les postes. Chez les radios, on se bat au corps à corps, avec tout ce qui tombe sous la main. Au marché, le Caporal PLE, blessé grièvement au moment où il dégoupillait une grenade, se couche dessus pour éviter la mort de ses camarades.

Finalement l’adversaire est mis en déroute et laisse plus d’une dizaine de cadavres sur le terrain.

Le 6 décembre, prise de Travinh, où le bluff, les bicyclettes et le culot demeurent une part prépondérante. Jusqu’au 1er janvier, les opérations de nettoyage se succèdent, de nombreux prisonniers sont libérés. Après un court repos, c’est la prise de Tan-Uyen le 25 janvier.

Cette opération fut l’une des plus dures. Il fallut 10 heures de combats de rues acharnés pour déloger l’adversaire d’une ville transformée en position retranchée et dont il ne resta malheureusement que des ruines.

En avril, citons un combat corps à corps avec une cinquantaine de Japonais, garde des volontaires de la Mort de Nguyen-Binh, la capture des dix meurtriers du docteur PHAT.

Le 30 avril, le Général JUIN décore le fanion du Commando de la Croix de Guerre avec Palme.

Le 1er mai, vaste opération de nettoyage dans la région d’An Hoa, à 6 Kms de Thudaumot. «A Hoc-Mon, le convoi prend une section de la Légion et part immédiatement. Les blindés ne démarreront que vingt minutes après le départ de la colonne. Ce retard vise à empêcher l’adversaire de fuir à notre approche, facilitant ainsi l’accrochage des commandos.

 

Tout se déroule comme prévu. Dès l’arrivée des camions, une violente fusillade crépite sur toute la ligne. Les rebelles, très nombreux, disposent d’armes automatiques et de fusils. Leur position est excellente. Sans marquer d’arrêt, les commandos chargent en hurlant.

Les assaillants, surpris par cette soudaine riposte, s’enfuient en tiraillant. Une course s’engage. Les commandos les repoussent vers la rizière où, engagés, ils se font massacrer. Poursuivant leur avance, les « Tigres » foncent et, avec de l’eau jusqu’à la ceinture, mettent fin à une nouvelle et dernière ligne de résistance. A 17h00, nous rentrons au cantonnement rapportant cinquante fusils de guerre, un FM, et un mortier.

 

C’est à cette occasion que le Général Leclerc déclara au Général Juin: « Voyez, mon Général, je ne vus avais pas menti, Ponchardier est vraiment imbattable »

Tout le mois de mai s’écoule en opérations, puis le groupement rejoint Dalat et enfin s’embarque pour la France le 28 août à bord de« L’Ile de France».

En 9 mois d’opérations ininterrompues, il avait perdu 26 morts et une quarantaine de blessés, pertes légères comparées à celles qu’il avait infligées à l’adversaire.

Publié dans INDOCHINE

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article